BOLIVIE CARNETS DE ROUTE
environ 9 million d'habitants
Superficie : deux fois la France
Capitale : SUCRE
LA PAZ siège du gouvernement
Langues : espagnol, quechua, aymara et guarani
Monnaie : boliviano. Religion : catholique
Samedi 31 mai 2008
Pour une fois, le Routard dit vrai, la douane Brésil / Bolivie est une vrai passoire. On arrive de l'autre côté des douanes Boliviennes sans que personne ne nous ait rien demandé.
Aux douanes Boliviennes tout le monde est très sympa, mais ça dure un peu car ils mélangent les numéros de chassis, de plaque, de moteur, du camping-car, de la moto...
Nous devons verser une petite "obole" à la police pour qu'ils nous autorisent 90 jours au lieu des 30 jours réglementaire à ce poste. Le chef de douanes, très sympa, qui parle japonnais, anglais et 2/3 mots de français m'explique que la Bolivie est un pays tranquille, mais que les flics sont ignares et pourris ; et pourtant, je ne lui ais pas parlé de notre obole !
Nous prenons la piste en direction de Santa Cruz de la Sierra et traversons prairies, garrigues et forêts rabougries parsemées de quelques villages dont les maisons de terre et les artisans nous font penser à ceux d'Afrique équatoriale. Heureusement, le temps s'est réchauffé, la piste a bien séché et le goudron, qui avance de jour en jour nous permet de parcourir rapidement les 380 kms qui nous sépare de San José de Chiquitos, la première Mission Jésuite de notre parcours.
Les premières Missions Jésuites de Bolivie furent édifiées au Nord Est de Santa Cruz dès 1692 afin d'évangéliser les Indiens Chiquitanos. Les Indiens, qui vivaient traditionnellement de la cueillette et de la chasse furent regroupés dans une dizaine de Missions où les Jésuites leur enseignèrent les techniques de la construction, de l'agriculture, de l'élevage, du travail du bois et de la confection d'instruments de musique.
Les églises, conçuent par un prêtre Suisse, (pas étonnant qu'elles ressemblent à des gros chalets) datent toutes de 1749 à 1767 date à laquelle les Jésuites furent expulsés par le roi d'Espagne et du Portugal, en raison des entraves politiques et idologiques que constituaient les Missions à la mise à sac de cette partie du continent.
Dans toutes les Missions, le village est organisé à partir de l'église devant laquelle se trouve une grande place centrale d'où part comme un damier les nombreuses rues qui distribuent les habitations.
Le Mission de Santa Ana (500 h) est restée telle qu'elle devait être il y a 250 ans. Les maisons en pisé recouvertes de motacu (chaume local), s'alignent impeccablement le long des rues en terre battue, au carrefour desquelles, de grandes croix de bois servent de rond point. La place centrale plantée de toborochi (genre de baobab) fait face à l'église qui a conservé son orgue d'antan (1754).
La musique a toujours été présente dans la vie des Missions et la culture des Indiens Chiquitana. Les jésuites y recourirent dans leur processus de fédération et d'évangélisation à travers un répertoire de musique baroque sacrée. Encore aujourd'hui, dans le moindre village, les enfants apprennent à jouer de l'orgue, du violon ou de la harpe et participent aux nombreux concerts qui y sont donnés.
Comme souvent, après un repas dans un petit resto, nous dormons sur la place de l'église sous la garde de Dieu. La plupart des habitants, qui descendent des Indiens Chiquitanos sont agréables et accueillants. Ils ont le visage rond, le teint mat et les cheveux bruns. Les femmes portent de grandes jupes à volants, de longues nattes et un peu chapeau rond sur le sommet du tête.
La Mission de San Ignacio est le plus grand centre commercial de la région. Nous en profitons pour faire quelques courses et aller au cyber pour faire la mise à jour du blog, mais devant la faiblesse du débit, nous sommes obligés d'abandonner.
En chemin, nous rencontrons quelques familles de mennonites. Membres d'une secte fondée au XVIe siècle en suisse, ils refusent tout progrès et vivent entre eux du produit de l'agriculture. Ils circulent génèralement en voiture à cheval et sont tous habillés pareils ; la salopette pour les hommes et la grande robe et le fichu pour les femmes.
Nous retrouvons le goudron juste avant Concepcion, mais il faut encore emprunter l'unique pont de chemin de fer sur près d'un kilomètre pour traverser le rio Guapay et rejoignons rapidement Santa Cruz, ville champignon qui grace au pétrole, au gaz et à l'agriculture, est devenue la locomotive du pays.
On n'avait encore jamais vu autant de 4x4 et d' Hummer qu'ici ! Et pourtant la Bolivie est le pays le plus pauvre d'Amérique du Sud, c'est dire l'écart de richesse entre les riches et les pauvres. Et ceci n'est pas sans concéquences. Si le pays est un des plus sur d'Amérique Latine, la criminalité est en forte augmentation à Santa Cruz et que lorsqu'on est touriste, donc riche, il faut rester prudent.
Missionnaires pour les Témoins de Jéhovah depuis plus de 15 ans en Bolivie, Sandrine et Hamlet, originaires d'Annecy, nous accueillent chaleureusement pour quelques jours dans leur petite ville de Cotoca proche de Santa Cruz.
Entre les croyants qui allument des milliers de cierges, les curés qui aspergent les voitures pour les bénir, (moteur, sièges, coffre) les Boliviennes qui les enfument pour la même raison et les petits commerces typiques s'installent tout autour de l'église, la ville de Cotoca est très animée le dimanche matin.
Entre les missions Jésuites, l'église catholique et les Témoins de Jéhovah, vous allez penser que... et bien non, on résiste toujours !
Dimanche 8 juin 2008
Nous quittons le bassin amazonien pour le Parc National de Amboro dans la codillière Orientale. Depuis Samaïpata, nous empruntons une piste de 6 kms qui grimpe jusqu' au "centre cérémonial" Pré Inca de El Fuerte à 1900 m d'altitude. Une fois n'est pas coutume, le site est bien aménagé et on a même droit à une plaquette d'explication en Anglais.
Après un match de foot acharné dans le village de Samaipata, le stade se vide et nous offre un bivouac bien tranquille pour la nuit.
Nous empruntons une piste de montagne vertigineuse d'une centaine de kilomètres appelée "la ruta del Che". Cette "ruta" nous conduit en pleine montagne à 3000 m d'altitude au hameau de La Higuera, lieu où Ernesto Guevara, dit le Che fut exécuté le 9 octobre 1967.
Lorsque je montais à La Higuera avec ma moto, alors que j'étais cramponé au guidon, je me suis cassé la figure. Là, j'ai vraiment pensé au film "Carnets de route" qui retrace le voyage en moto du Che à travers l'Amérique Latine.
Après quelques kilomètres de goudron dans la vallée, la piste remonte à plus de 3500 m dans un épais brouillard "mouillant" qui rend la piste glissante et la conduite sportive, d'autant que par soucis d'économie, les boliviens roulent tous phares éteints ; ce qui ne nous empêche pas d'arriver à un péage !
C'est entre 3 et 4000 mètres d'altitude que les paysans, qui habitent de pauvres maisons en adobe cultivent leurs lopins de terre sur versants pentus des montagnes environnantes.
Alors que les boeufs labourent , les femmes tissent ou filent la laine et conduisent les troupeaux.
Lorsque la dernière récolte de blé est battue, les mules n'ont plus qu'à la descendre au marché.
Nous rejoignons le site d'Inca llajta, les plus importantes ruines Incas de Bolivie. En fait, pas grand chose à voir, mais le bivouac à 3000 m (9° dehors, 14° dedans) a au moins le mérite de nous acclimater à l'altitude. Nous en profitons pour essayer le chauffage, et évidement il faut "bidouiller" pour le démarrer à cause du manque d'air (ou trop de gasoil).
Nous reprenons la superbe route pavée de galets (un travail de forçat) en direction d'Arani. Entre Pocona et Vacas, sur une trentaine de kilomètres, la route laisse place à une piste vertigineuse qui grimpe jusqu'à 3800 m. Précipices impressionants, lacets serrés, passages étroits, Claude n'en mène pas large, le camping-car souffre ; 4x4, 1 ère courte, ça grimpe toujours ; le moteur manque d'air et chauffe, il ne tire plus, il faut s'arrêter pour le laisser refroidir.
Lorsque nous arrivons au marché d'Arani, c'est un festival de couleurs. Comme chaque semaine, de nombreuses paysannes sont descendues (2700m) pour vendre leur production et acheter des biens de consommation.
Avant de partir, Claude a fait son chemin de croix, c'est un bon début, mais je ne suis pas sur que ça suffise !
Arrivés à Cochabamba, troisième ville du pays, nous prenons le téléphérique qui nous monte jusqu'au "Cristo de la Concordia" qui avec ses 33 mètres de hauteur (un par année du Christ) est plus grand que celui de Rio de Janeiro. Bon, ils ont quand même un peu triché, celui ci est en béton armé alors que celui de Rio est en grès sculpté.
Ce soir, pour dormir, nous sommes accueillis au séminaire Baptiste de Cocha. par un Père très serviable. C'est vrai que nous sommes souvent immergé dans la religion, mais pour les boliviens, elle tient une place prépondérante.